Morceaux choisis comme toujours, mais là le choix fut difficile tant les mots sont magiques, l'histoire étrange et Giant Jack attrayant.... A lire, juste pour le plaisir du voyage....
Même si on
s'y prépare, c'est toujours d'un coup sec, le moment précis
où ça lâche.
Les ongles plantés
dans la glace, on peut souffrir et penser crever de froid. Mais on
est toujours dans la vie, l'espoir soulève encore. Quand la
montagne se dérobe et que ça y est, on part à la
renverse sans pouvoir se rattraper à rien, c'est le temps des
choses qui s'étreignent. On se perd tout de suite. La nuit
surgit en plein jour, en pleine gueule, et rien ne sera plus jamais
comme avant.
J'ai la sensation
de rapetisser et de grandir en même temps. De ne plus tenir
dans mon propre corps. Je suis bien trop grand pour moi.
Le Rhône
continue de couler du Nord au Sud , avec sa médiocrité
de gros fleuve lourdaud. Il traverse la ville sans lui apporter de
magie – même quand personne n'est mort, ce fleuve est nul.
Conduire dans une
tempête de vide, pourtant, c'est compliqué. Tout brûle,
tout explose, les arbres plantés à l'envers dans le
ciel, le ciel enfoncé dans le pare-brise. Je crois qu'il y a
du vent, mais personne ne dit rien.
Oh putain elle va
sortir le sirop d'anthésite, cette espèce de Coca sans
bulle à la réglisse que nous servait toujours mémé.
C'est un sketch.
J'enfouis mon
ombre de géant dans le trou de mon coeur, sorte de machine à
laver avec du sang à la place de l'eau et de la peau à
la place du linge. Temps de séchage : une vie entière.
Faites-moi vibrer
cette escalier, et la salle à manger, l'horloge en fer,
détraque-moi ça, enlève les piles, mange-les,
pends-toi aux aiguilles, remonte le temps, le temps d'avant, refais
pousser les sapins de Noël, le temps où c'était
possible que la putain de porte de ta chambre s'ouvre et qu'on te
voie derrière...
Le but du jeu pour
moi, c'était de rester vivant malgré la mort. Avant
j'étais un peu romantique avec tout ça, mais vraiment,
c'est qu'une sale conne !
Je tisse comme une
araignée du ciel le fil qui relie les rêves et la
réalité, et dans ma toile j'embarque l'espoir absolu.
Je me sens comme
un oiseau déplumé à qui on dirait « vole
maintenant », alors que déjà respirer, je
trouve ça compliqué.
Mathias Malzieu, ou l'écriture du cœur