Samedi 18 octobre 2008 à 18:46
Mercredi 20 août 2008 à 19:37
Ceci dit, ma première cuite, je m'en souviens pas : j'étais bourré.
C'est pas possible de tout expliquer tout le temps. Vous leur dites par exemple que vous pouvez pas aller à une soirée, tout de suite ils vous demande des explications interminables, genre certificat médical, au lieu de juste comprendre que vous aller pas pouvoir venir. Alors du coup, vous simplifiez un peu, vous arrangez, vous transformer légèrement pour pas rentrer dans les détails, presque rien, un petit lifting, et après on vous accuse de mentir. C'est ça qui est embêtant avec les gens. Le manque de logique.
Y a des choses qui s'expliquent pas. Il faudrait l'expliquer à ceux qui pensent que tout s'explique.
« Si t'étais à
ma place... »
« Si j'étais à
ta place, franchement, y a longtemps que j'y serais plus. »
Par exemple, si vous dites « je suis descendu en bas », le type qui vous reprend avec ironie en vous demandant : « Ah bon, c'était pas en haut que tu es descendu ? », eh bien, ce type, neuf fois sur dix, j'ai envie de le tuer. En tout cas, moi, quand je dis ça, si quelqu'un me reprend en se foutant gentiment de ma gueule, je lui répond tout de suite qu'on peut très bien descendre en haut ou monter en bas, mais que c'est très difficile, parce qu'il faut un sens de la poésie, et que le sens de la poésie, c'est pas donné à tout le monde, et surtout pas aux cons qui pensent mieux parler le français que les autres.
C'est dingue comme cette fille était irrémédiablement elle-même.
On avait l'impression qu'ils auraient pu se mettre à chialer, ses yeux, même sans raison, juste par poésie, tellement ils étaient translucides.
Si elle avait été connu, ça se saurait. Ne serait-ce que par définition.
Et je me suis dit qu'en payant une fille, c'était peut-être ça aussi qu'on payait, l'idée que quelqu'un nous avait attendu dans le froid, malgré la nuit et la danger – l'idée, même dérisoire, même mensongère, d'être attendu par quelqu'un.
J'étais pas à ma place et je me sentais minuscule. Transparent. Et inutile. Comme un pou sur la tête d'un chauve.
« Je te parle. C'est à cette heure là que tu rentres ? » J'ai dit « Oui ». Elle a semblé ulcéré par ma réponse. Comme si c'était de la provoc. Moi, on me pose une question, je répond. J'allais pas lui dire non quand même, alors qu'elle savait très bien que c'était à cette heure là que j'étais rentré. Quelle idée aussi de poser des questions dont on connaît la réponse et dont on sait qu'elle vous énervera.
La bande d'Emilie, c'était vraiment tous des pauvres mecs. Même les filles.
Et j'ai pris l'ascenseur en espérant qu'elle me pardonne. Qu'elle me pardonne d'être celui que je suis, et non un autre.
Dimanche 13 juillet 2008 à 17:06
Même si on s'y prépare, c'est toujours d'un coup sec, le moment précis où ça lâche.
Les ongles plantés dans la glace, on peut souffrir et penser crever de froid. Mais on est toujours dans la vie, l'espoir soulève encore. Quand la montagne se dérobe et que ça y est, on part à la renverse sans pouvoir se rattraper à rien, c'est le temps des choses qui s'étreignent. On se perd tout de suite. La nuit surgit en plein jour, en pleine gueule, et rien ne sera plus jamais comme avant.
J'ai la sensation de rapetisser et de grandir en même temps. De ne plus tenir dans mon propre corps. Je suis bien trop grand pour moi.
Le Rhône continue de couler du Nord au Sud , avec sa médiocrité de gros fleuve lourdaud. Il traverse la ville sans lui apporter de magie – même quand personne n'est mort, ce fleuve est nul.
Conduire dans une tempête de vide, pourtant, c'est compliqué. Tout brûle, tout explose, les arbres plantés à l'envers dans le ciel, le ciel enfoncé dans le pare-brise. Je crois qu'il y a du vent, mais personne ne dit rien.
Oh putain elle va sortir le sirop d'anthésite, cette espèce de Coca sans bulle à la réglisse que nous servait toujours mémé. C'est un sketch.
J'enfouis mon ombre de géant dans le trou de mon coeur, sorte de machine à laver avec du sang à la place de l'eau et de la peau à la place du linge. Temps de séchage : une vie entière.
Faites-moi vibrer cette escalier, et la salle à manger, l'horloge en fer, détraque-moi ça, enlève les piles, mange-les, pends-toi aux aiguilles, remonte le temps, le temps d'avant, refais pousser les sapins de Noël, le temps où c'était possible que la putain de porte de ta chambre s'ouvre et qu'on te voie derrière...
Le but du jeu pour moi, c'était de rester vivant malgré la mort. Avant j'étais un peu romantique avec tout ça, mais vraiment, c'est qu'une sale conne !
Je tisse comme une araignée du ciel le fil qui relie les rêves et la réalité, et dans ma toile j'embarque l'espoir absolu.
Je me sens comme un oiseau déplumé à qui on dirait « vole maintenant », alors que déjà respirer, je trouve ça compliqué.
Mathias Malzieu, ou l'écriture du cœur
Dimanche 8 juin 2008 à 15:29
Mais, chaque fois, cela s'est révélé faux.
Car le fond est beaucoup plus profond qu'on ne se l'imagine."
Il paraît que l'enfer, c'est quand il n'y a plus d'espoir."
Samedi 15 mars 2008 à 12:27
Ils sont bien habillés et sentent le parfum. Le type a une noisette de gel dans les cheveux et la fille, un trait de crayon sur les yeux.
Je me demande d'ailleurs pourquoi, lorsqu'on pose cette question, on met "amour" au pluriel. C'est déjà pas gagné de trouver un amour singulier, pourquoi compliquer les choses d'avantage ?
C'est vrai que si on est bête dans l'amour, alors qu'est-ce qu'on est bête dans le chagrin d'amour...
Dans ces moments, notre entourage s'inquiète vraiment beaucoup et n'a de cesse de nous demander si ça va mieux - et pas juste si ça va, comme avant.
Peu après, il arrive qu'on croise le concerné dans la rue? Et ce jour-là précisément, il se trouve qu'on est carrément moche, mais je vous parle de cette état de mocheté que l'on endure seulement une fois dans l'année. Voilà, on le croise à ce moment là.
[...]
On est fringuée comme un sac, on a les cernes qui descendent jusqu'au joues et une coupe de cheveux digne des séries télé des années 80.
C'est comme ça, théorie vérifiée aussi vrai que "la caisse d'à côté va plus vite" ou "ce qu'il y a dans l'assiette du voisin à l'air meilleur".
La planche de bois peut rester cent ans dans le fleuve, elle ne sera jamais un caïman.